Baroda Girls
Bien qu’encore peu présente dans les galeries et musées français la scène indienne s’impose à grands pas à l’étranger.
Le monde de l’art se tourne enfin vers la plus grande démocratie du monde et l’émergence du marché de l’art contemporain indien s’inscrit dans une période d’avènement de l’art global où se redéfinissent les rapports de pouvoir entre les pays « du centre » et ceux de la « périphérie ».
A l’occasion de la 11ème édition du Festival POC, le Magasin alternatif plonge au coeur de l’art contemporain indien
Justine Grandchamp, fondatrice de Shifting frames présente le travail de quatre jeunes figures féminines de la scène émergente qui nous dévoilent l’Inde d’aujourd’hui, ses paradoxes et sa diversité. Ces femmes, dans des approches différentes, révèlent au public l’effervescence créative du sous-continent.
Artistes talentueuses, elles ont toutes, à un moment de leur formation artistique, étudié dans la plus renommée des Universités d’art du pays, la Maharaja Sayajirao University de Baroda.
Scène émergente féminine de l’art contemporain Indien, de paradoxes en diversité
Jignasha Ojha manipule avec humour les paradoxes de la société et puise son inspiration dans les relations hommes-femmes, la question des frontières ou encore dans l’isolement de l’homme moderne.
Dans ses toiles, elle fait intervenir des éléments du Passé afin de commenter le Présent.
Elle montre comment tradition & modernité sont imbriquées et, pour ce faire, utilise le style des miniatures traditionnelles indiennes.
Meenakshi Sengupta s’inspire elle aussi très largement des miniatures dont elle utilise le support papier et les pigments ou encore la feuille d’or. Avec force, conviction et ironie elle dépeint une société où l’homme est figure dominante et écrasante.
De façon libérée elle aborde crûment sexualité, désir, et questions de genre dans un pays où le sexe demeure un véritable tabou et où la majeure partie des femmes ne sort pas de la réserve imposée par une société très patriarcale.
Mitali Shah a vu les villes indiennes littéralement exploser. Elle s’intéresse à cette urbanisation démesurée.
En permanente recherche de nouveaux supports et matériaux, en constante exploration de nouveaux processus de création et à partir de l’observation simple de phénomènes naturels, elle illustre l’anarchie des villes d’aujourd’hui, l’aliénation de l’individu moderne au sein de mégalopoles à la croissance non maîtrisée.
Enfin, Gopa Trivedi intègre les caractéristiques liées aux espaces, au temps et leurs implications. Réceptive aux subtilités et aux nuances d’un espace donné, elle est particulièrement attirée par l’espace domestique qui s’imprègne de ses habitants et devient la biographie des vies qui s’installent en lui.
Il est le témoignage de ce qui a été expérimenté individuellement mais aussi le reflet d’un contexte socio-culturel. Formée selon la tradition miniaturiste, elle a exploré récemment le support numérique tout en restant fidèle à la pratique de la miniature.
Cette tension tradition-modernité omniprésente dans l’exposition nous montre ainsi le chemin singulier emprunté par l’Inde.
Partagées entre réappropriation du débat artistique et aspirations internationales, ces artistes cherchent à renouveler l’approche des arts visuels à partir de leur héritage culturel.
- Exposition du 30/09 au 02/10/2016
- Le Magasin alternatif, 128 Bd de la Libération, 13004 Marseille
- Entrée libre
- Horaires de l’exposition
- Vendredi 19h à 22h
- Samedi de 11h à 21h
- Dimanche de 11h à 19h